Vivian Maier, talent anonyme

Chicago, hiver 2007. L’homme qui vient d’emporter une enchère à 380 dollars pour quelques cartons contenant 30 000 négatifs et quelques centaines de pellicules format 120 non développées ne sait pas encore qu’il vient de mettre la main sur un véritable trésor. Cet homme c’est John Maloof, jeune agent immobilier de 25 ans et nouveau propriétaire des fonds photographiques d’une des plus grandes street-photographers du XXème siècle. A force de recherches, il finit par découvrir que ce photographe à l’oeil si pointu se nomme Vivian Maier. On est en 2009 et par le biais de Google, il apprend dans les pages décès du Chicago Tribune que cette vieille dame de 83 ans vient de décéder.

La seconde vie de Vivian Maier va alors commencer. Née en 1926 dans le Bronx d’une mère française et d’un père austro-hongrois, Vivian passe une enfance mouvementée entre les Etats-Unis et les Hautes Alpes où se trouve le domaine maternel. A la vente de celui-ci en 1951, elle s’offre avec l’argent récupéré quelques voyages mais surtout l’appareil de ses rêves : un Rolleiflex 6X6 qui ne la quittera plus. Devenue nounou pour gagner sa vie et disposer d’un toit, elle passe tout son temps libre à sillonner les rues de New-York, traquant ses contemporains dans leur quotidien.

En 1956, c’est le départ pour Chicago où elle est engagée par la famille Gensburg pour s’occuper de leurs 3 enfants. Elle les accompagnera pendant 17 ans avant de passer de famille en famille pour de courtes missions. Les années passent. Fatiguée et en difficulté financière, elle entrepose son trésor d’images et quelques affaires dans un garde-meuble avant que les frères Gensburg qui ont retrouvé Vivian ne l’installe dans un petit studio au bord du lac Michigan. Après une mauvaise chute lors d’une promenade, une hospitalisation et un séjour en maison de retraite, Vivian s’éteint le 20 avril 2009 sans imaginer un seul instant qu’elle rentre pour toujours dans l’histoire de la photographie.