Une escapade à la bonne Eure !

On remonte le temps depuis les rives de l’Eure jusqu’à la Seine. De la forteresse moyenâgeuse dominant le fleuve aux Andelys aux jardins romantiques de Giverny en passant par le château Renaissance de Gaillon, rien ne sert de courir, il faut partir dans l’Eure !

Le voyage commence à l’Eure, au bord de la rivière, bien avant qu’elle n’entre en Seine. Le Bel Ami nous y attend. Nommé ainsi en hommage à l’une des plus belles plumes normandes, Guy de Maupassant, l’hôtel vient de s’offrir une cure de jouvence. La propriétaire, Nathalie Delormeau, a personnalisé l’ancienne maison d’Henri Gault, le co-fondateur du célèbre guide. Les seize chambres et suites du lieu illustrent ses goûts et ses coups de coeur. Son hôtel, ou plutôt sa maison de famille comme elle aime le décrire, se veut «sobre, délicatement campagnard, sans chichis ni tralalas».

Ouvertes sur le jardin entièrement ré imaginé ou sur la rivière, certaines chambres bénéficient d’un patio privatif. Le calme règne partout en maître, invitant chaque résident à la détente. L’esprit «maison de famille» se retrouve à table. Nathalie Delormeau concocte chaque mois avec son chef Olivier Caccamo une carte «courte, rassurante, qui cautionne la fraicheur des produits et qui suit les saisons». Et quand vient l’été, l’hôtel laisse ses pensionnaires mener leur barque. Ces derniers n’ont qu’à descendre jusqu’au ponton pour canoter à l’envi. Le charme de la vallée royale de l’Eure et du Bel Ami se suffisent à eux-mêmes mais d’autres délices attendent non loin de là.

Avant de les découvrir, on fait une halte dans la Ferme des Isles à Autheuil-Anthouillet. Cette maison d’hôtes, bordée par l’Eure, propose chambres et gîtes au cœur d’un domaine préservé, «avec autant d’espaces de vie que d’envies». L’accueil de Sophie et François donne cette subtile impression que l’on passe un moment exquis chez des amis.

La suite se passe à Giverny qui n’est qu’à une encablure de là. Une demi-heure suffit pour rallier l’ancien domaine de Claude Monet et ses formidables jardins. En chemin, on s’arrêtera à Vernon, où Monet posa en son temps son chevalet. Le peintre ne résista pas à poser sur une toile le Vieux Moulin. Cette bâtisse, construite sur les piles du pont médiéval, flotte au-dessus du fleuve depuis le XVIème siècle. Le centre de Vernon, préservé des bombardements de la Seconde Guerre Mondiale, abrite d’autres monuments médiévaux, autour de sa collégiale et de la tour des Archives. On y voit même d’anciennes maisons à pans de bois ainsi que les vestiges des remparts d’antan. Une de ces vénérables maisons abrite le musée de la ville. L’histoire locale y a sa place, tout comme l’art animalier mais c’est l’impressionnisme qui y règne en (toile de) maître. Cet été, une exposition s’intéresse à une artiste néo-impressionniste, Lucie Couturier.

L’escapade se poursuit en remontant les méandres de la Seine. Après avoir croisé une succession d’îles, on arrive à celle des Trois Rois d’où l’on aperçoit une forteresse médiévale impressionnante. En la découvrant, Richard Cœur de Lion se serait exclamé : «quel château gaillard». Le nom est resté, tout comme les pierres de cette construction impressionnante, malgré les siècles et les sièges. Dominant toujours la Seine, Château-Gaillard offre une vue époustouflante sur la vallée.

On franchit la Seine de nouveau pour changer d’époque et partir à la découverte du château de Gaillon. Premier château de style Renaissance en France, il illustre à merveille la transition entre le gothique flamboyant et le style Renaissance à part entière. Niché sur les hauteurs de la ville, il offre de jolis points de vue sur la cité et ses alentours. On pourrait presque distinguer les Canisses, un restaurant à Saint-Pierre-la-Garenne où l’on déguste des cocktails comme des grillades sur une grande terrasse bordant les rives de la Seine.