Safari dans le parc Kruger
En Afrique du sud, le parc Kruger est une arche de Noé à ciel ouvert, un théâtre où les animaux, dans le décor sec du bush, jouent les premiers rôles. Plan large sur l’un des grands spectacles du monde.
5h du matin. Le 4×4 conduit par un « ranger » progresse lentement dans le bush, à peine éclairé par la lumière de la promesse de l’aurore. Les éléphants sont déjà à leur petit déjeuner. S’empiffrant avec enthousiasme de feuilles en forme de papillons de l’arbre mopane (Colophospermum mopane), leur fourrage de prédilection. Soudain un train de gnous prend de la vitesse, suivi par une escadre de zèbres. En queue de convoi, une lionne bondit et saisit un gnou à la gorge.
Le gnou exécute encore quelques entrechats désordonnés tandis que la lionne s’abreuve déjà goulûment à sa jugulaire. Ultime ballet muet avant le festin de chair. Dans les arbres alentour, les vautours observent avec une convoitise intéressée cette mise à mort. Scène de la vie ordinaire dans le parc Kruger, la grande réserve animale au nord est de l’Afrique du Sud, située tout contre la frontière du Mozambique. La plus vaste et la plus célèbre du pays avec ses presque 20 000 km2 (350 km de long par 60 de large) sans compter les réserves privées qui l’entourent à l’ouest et communiquent avec elle, laissant le passage libre à la circulation de la faune sauvage.
Fabuleux spectacle d’une formidable arche de Noé dont l’homme n’est désormais que le spectateur, le protecteur, et non plus le prédateur (mis à part les « poachers », ou baconniers, impitoyablement poursuivis). Résultat, dans cet Eden qui leur a été restitué s’ébattent, vivant en paix armée au rythme de la nature environnante, des milliers de créatures sauvages, oiseaux, reptiles et mammifères. En particulier le très sélect club de l’aristocratie locale, les « Big Five » (les cinq grands) : l’éléphant, le lion, le léopard, le rhinocéros et le buffle.
Pour les visiteurs, safari à l’aube, et un autre la nuit dans le faisceau lumineux d’un projecteur. Après quoi il est agréable de retrouver le confort douillet d’un des luxueux lodges, ces gîtes pour chasseurs sans fusil, qui émaillent le parc. Côté décor, le parc Kruger peut décevoir par la monotonie de ses paysages. Bush plat et sec, rompu par de modestes collines et de discrets escarpements, où la main distraite du créateur semble avoir semé à la volée une parcimonieuse population d’arbres (mopanes et acacias au sud, baobabs au nord) et buissons épineux, se tenant à distance les uns des autres comme s’ils craignaient en se regroupant de former une forêt. Un décor qui peut décevoir l’œil de l’homme mais où la faune qu’il abrite a trouvé son Shangri-la.
Le parc Kruger, fondé en 1898 porte le nom de son créateur, Paul Kruger, président au temps où les Boers étaient maîtres du pays (avant sa conquête par les Britanniques,) de l’éphémère République du Transvaal. Les hommes passent, les idées restent. Cette initiative sera la première inaugurée sur le continent africain. Avec sa savane aux camaïeux grège et céladon, ses acacias parasols, ses euphorbes candélabres, ses mopanes aux silhouettes dépenaillées dépouillées par les d’éléphants, ses zèbres en pyjama rayés, ses gnous au profil préhistorique, ses girafes au pelage carrelé dont une légende égyptienne affirme qu’elles sont issues du croisement d’une chamelle et d’un léopard, le parc Kruger est la scène d’un théâtre où s’improvise chaque jour le grand spectacle de la nature.
Marie-Noëlle Hervé
Planning familial pour les éléphants
La protection de la faune dans le parc Kruger a eu, dans le cas particulier des éléphants, une conséquence imprévue. Autrefois espèce menacée, ils ont fait l’objet de soins particuliers, jusqu’à leur créer des points d’eau artificiels qui ont limité leurs déplacements, et de ce fait leur sélection naturelle. Ils sont donc aujourd’hui en surnombre (près de 13000, soit 6000 de trop), et leur appétit boulimique pour certains végétaux (250 kg par jour et par individu), tels acacias et feuilles de mopane, menace l’équilibre écologique du parc. Pour éviter un abattage qui soulèverait des protestations de toutes part, il a été envisagé une campagne de contraception surprenante….par injection depuis un hélicoptère !
Une SPA africaine
Un foisonnant programme est proposé dans la réserve de Moholoholo, située à 60 km à l’ouest du Parc Kruger, au sud de Hoedspruit, au pied des montagnes du Drakensberg. Dans son centre de réhabilitation on remet sur pied animaux blessés, orphelins abandonnés, et rescapés de cirques, dans le but de les réintroduire dans leur environnement sauvage. Une autre de leurs activités est la formation de rangers professionnels. Dans cette réserve où sont également offert des safaris classiques à dos d’éléphants, et un hébergement de qualité, Lente Rhoode, Karen Blixen des temps modernes, veille à la sauvegarde et l’élevage d’une espèce menacée, sa majesté le guépard.
SÉJOUR MULTI-ACTIVITÉS PRÈS DU KRUGER avec COMPTOIR des VOYAGES