L’Ile aux trésors gourmands, c’est Issy !
Vous cherchez l’île paradisiaque ? Inutile d’armer un galion, rangez vos pioches, c’est ici. Enfin, à Issy-les-Moulineaux. Revisité par le designer François Lamazerolles, le restaurant L’Ile redevient ce havre de paix aux portes de Paris.
“Terre ! Terre !”. A cris aussi grands que son sourire, ma compagne m’indique que nous approchons de l’île Saint-Germain à Issy-les-Moulineaux. Je mets un temps à comprendre puisque nous sommes déjà sur la terre et que si nous allons bien sur une île, je la connais plus vigilante que vigie. Mais soit, elle a l’air content de sa plaisanterie alors… moi aussi !
L’île en question s’écrit avec une majuscule puisqu’il s’agit d’une maison de maître transformée en restaurant. Le bâtiment date du Second Empire. Construit à l’initiative de Napoléon III et à l’occasion d’une exposition universelle de 1867, L’Ile conserve toutes les caractéristiques de cette époque : structure en acier, verrières et volumes monumentaux. Bien entendu, en un peu plus de cent ans, les lieux ont changé. Le designer François Lamazerolles vient d’ailleurs de les revisiter. Il a misé sur les matériaux bruts. Bois, cuir et peaux de bête font entrer la nature environnante jusque dans ce pavillon industriel. La décoration s’associe aux tons chauds et cuivrés des sols et des murs pour offrir aux visiteurs un sentiment de chaleur et de confort. La cheminée qui trône à l’entrée des lieux parfait l’image de refuge que L’Ile a voulu se donner avec succès.
Le soleil est encore vif dans le ciel lorsque nous prenons place à l’une des tables du restaurant. La vue est tout aussi délicieuse que les mets qui défilent bientôt devant nous. Nos regards vont du parc à nos assiettes et c’est un régal. L’ambiance est au beau fixe. Les cocktails, signés Julien Defrance et sirotés juste avant le dîner, n’y sont sans doute pas pour rien. Ma compagne sourit à l’évocation du Very Berry Martini tandis que je sens encore le parfum de l’Effleure du mâle.
Mais voilà les plats ! Côte de cochon épaisse et sa vinaigrette aux câpres pour moi, suprême de poulet jaune rôti pour elle et du plaisir pour les deux. Personne ne regrette son choix même s’il a fallu faire une sélection dans une carte variée et pour le moins alléchante.
Une fois les fromages et desserts engloutis, on pourrait partir. Mais ce serait négliger un endroit de choix de L’Ile : le fumoir.
A l’abri derrière de larges murs vitrés, on nous propose ici une belle sélection de cigares délicatement conservés dans une cave originale dessinée par François Lamazerolles. Mais à la fumée des Havanes se mêle bientôt le fumet d’eaux de vie rares. Confortablement installés dans les fauteuils et canapés de ce fumoir, initiés et néophytes peuvent ainsi goûter des alcools d’exception, du whisky au Cognac en passant par l’Armagnac. Jura Legacy, Dalmore Cigar Malt, Elijah Craig, Suntory Hibiki 17 ans, Caol Ila 1996, Glen Grant 1958 et Lapostelle XO 1973 illuminent la carte.
Hips, hips, houla ! Après de telles agapes, il est peut-être temps de prendre le large et de quitter cette île aux trésors avant de passer par dessus bord…
Antoine Norman