Les perles de la côte d’Emeraude

Avant de prendre la route du Rhum à Saint-Malo, on fait escale à Cancale où les huîtres fleurissent et le Grouin pointe.

Sur la côte d’émeraude, les perles ne manquent pas. Cancale, ou Kankaven en breton, en est une. Ce petit port de pêche de la Baie du Mont-Saint-Michel doit sa réputation aux huîtres qui prospèrent dans ses eaux. Dès le Moyen-Âge, ses marins bichonnent le coquillage quand ils ne sont pas engagés par les morutiers de Saint-Malo pour aller pêcher à Terre-Neuve. D’octobre à mars, ces braves ramassent les huîtres plates qui flattent les fines bouches de la royauté. Ainsi, François Ier accorde le statut de ville à Cancale pour sa qualité de fournisseur d’huîtres. Les bourgeois apprécient également le mets. Les échevins de Paris passent alors un contrat pour être livrés deux fois par semaine.

Elu site remarquable du goût, Cancale perpétue aujourd’hui cette tradition. Que l’on se promène sur le port de la Houle ou dans les pittoresques “rues de derrière”, les coquillages sont omniprésents sur la carte des restaurants locaux. Depuis Cancale, on peut emprunter le célèbre GR34 pour rejoindre la pointe de Grouin à quelques kilomètres de là. Ce Sentier des Douaniers qui démarre du Mont-Saint-Michel pour faire le tour de la Bretagne jusqu’au pont de St-Nazaire offre des panoramas exceptionnels. Le Mont se dévoile à chaque point de vue, de la pointe des Crolles à celle du Hock. Par beau temps, on peut même apercevoir les îles Chausey.

Les marcheurs les plus courageux n’ont qu’à poursuivre le Sentier des Douaniers pour rejoindre la cité corsaire, au nord-ouest du Clos-Poulet, cette presqu’île délimitée par la Rance, la Manche et la dépression de Châteauneuf. Ville historique de Bretagne, Saint-Malo impressionne le visiteur avec ses formidables remparts, son château et ses forts. Bastion de la mémoire bretonne et française, la ville ne manque ni de renom ni de grands noms. L’ombre de Robert Surcouf, le roi des Corsaires, y plane toujours. Sa statue en bronze se dresse face aux îles du Grand Bé et du Petit Bé, le doigt toujours résolument tourné vers la mer. La ville enfanta d’un autre corsaire, René Duguay-Trouin, dont la statue garde aujourd’hui le Bastion Saint-Louis. Saint-Malo, c’est aussi Jacques Cartier, qui plongeait son regard dans la mer depuis ses remparts avant d’aller “découvrir” le Canada en 1534.

Le temps des corsaires et des guerres de course n’est plus mais Saint-Malo reste une cité tournée vers la mer. Tous les quatre ans, les plus grands marins du monde s’y donnent d’ailleurs rendez-vous pour prendre le départ d’une course mythique. Cette année, les navigateurs seront encore nombreux à s’aligner sur la ligne de départ de Route du Rhum. Ils célébreront les 40 ans de cette transatlantique créé en 1978 par Michel Etévenon. Les organisateurs nous promettent “une onzième édition qui s’annonce comme celle de la maturité tout en préservant les valeurs qui ont fait sa légende et qui devrait réunir un plateau sportif exceptionnel, réparti entre six classes de bateaux”. Rendez-vous le 4 novembre pour prendre le large !

Sébastien Dieulle