Lanzarote et César Manrique

Lanzarote ne peut être que synonyme de Manrique. L’artiste y a laissé son empreinte utopiste. De sa maison fondation jusqu’au plus profond des grottes volcaniques et jusqu’à l’île soeur, la Graciosa, César Manrique a su sublimer l’ancienne “Cendrillon des Canaries”.

Il y a les artistes qui marquent leur temps. Et puis il y a ceux qui laissent leur empreinte dans l’espace. César Manrique en fait partie. A Lanzarote, l’âme de l’artiste s’exprime partout, parfois dans un simple détail, parfois dans des réalisations extraordinaires.

Natif de Lanzarote, la plus orientale des îles de l’archipel des Canaries, César Manrique n’a toujours vécu que pour et par elle. Ce petit bout de terre perdu à 140 km des terres africaines lui a inspiré une utopie : l’art intégral. Son génie fera de l’île une oeuvre globale. Avant Manrique, Lanzarote apparaît, au mieux, comme un îlot volcanique sans grand intérêt. “Dans mon enfance, expliquait l’artiste, venir de Lanzarote était considéré comme une honte. L’île était un peu la Cendrillon des Canaries”. Vingt-deux ans après sa mort, l’île fait figure d’exemple en tourisme durable ce qui lui vaut d’être classée Réserve de biosphère par l’Unesco. Manrique l’a voulu ainsi. “Nous ne devons copier personne. C’est nous que l’on viendra copier, une fois que nous aurons révélé la personnalité de notre île !”

Pour découvrir toutes les richesses de cette terre, posez vos valises en son centre, à Puerto del Carmen. Le Marmara Club Olivina s’y prélasse aux abords de la playa de los Pocillos. De là, vous pouvez rayonner sur toute l’île en moins d’une heure.

A travers un désert de lave parsemé de fines constructions d’un blanc éblouissant, on progresse sur une autre planète, offerte aux vents et à l’embruns. La Fondation César Manrique s’intègre parfaitement dans ce paysage. Ce qui fut la maison et l’atelier de l’artiste accueille aujourd’hui les visiteurs curieux de découvrir une construction unique en son genre. Fondue dans le terrain volcanique, la maison s’enfonce sous terre pour chercher la fraîcheur et une ambiance unique. Son design, invisible de l’extérieur, étonne.

On retrouve le même concept un peu plus loin dans le nord, aux Jameos del Agua. Premier centre touristique conçu par Manrique, le site abrite une série de grottes, aménagées avec talent ou simplement mises en valeur. Les trésors y pullulent. On y trouve ainsi la plus grande et la plus profonde des grottes subaquatiques, sobrement surnommée le Tunnel de l’Atlantide, ainsi que Jameo Grande, une bille volcanique de 100 mètres de long et de 30 mètres de large. Une autre grotte, Jameo Chico, abrite un auditorium de six cent places. A quelques pas de là, on peut déjeuner dans un restaurant lui aussi intégré à l’architecture naturelle des lieux.

Suivons encore un peu les pas de l’artiste jusqu’au Mirador del Rio. Ce promontoire rocheux, aménagé par Manrique, offre un point de vue extraordinaire sur l’île de la Graciosa. Derrière les vitres panoramiques du café niché dans la roche volcanique ou sur l’une des terrasses, on peut ainsi laisser ses yeux filer sur la crête des vagues jusqu’à celles de la montagne Jaune. On pourrait presque se croire alors dans un tableau du maître des lieux.