L’Alentejo, au-delà du Tage et du temps

L’Alentejo s’étend sur une grande partie de la moitié sud du Portugal. Sur ces terres aux cultures mêlées, le passé fait le charme du présent.

Descendre au-delà du Tage, jusqu’à l’Alentejo, dans le sud du Portugal, c’est un peu comme remonter dans le temps. Comme beaucoup de voyages, celui-ci commence dans un port. Celui de Carrasqueira date des années 1950-1960 et a la particularité d’être construit sur pilotis. Chef d’oeuvre d’architecture populaire unique en Europe, il ne se contente pas de témoigner du passé. Des barques de pêcheurs y accostent encore quotidiennement.

Il y a quelques millénaires de cela, ces gens de la mer auraient remonté le Rio Sado pour accoster à Troia. On a retrouvé là les ruines romaines d’un grand complexe de salaisons de poisson, mais pas seulement… Le site accueillait également des maisons, des thermes, des cimetières, ainsi qu’une basilique paléochrétienne.

Du domaine du dieu revenons à celui des hommes… Un peu plus au sud encore, le domaine des Barradas da Serra domine la Serra de Grândola. Cette exploitation agricole se fait aussi hôtel. L’objectif est d’offrir un avenir à ce domaine terrien, mais aussi de montrer à tous ses hôtes que “sans agriculture, il n’y a pas de futur possible”. Dans un décor en chêne-liège, des moutons paissent avec paresse sous les fenêtres des chambres de l’établissement. Les propriétaires des lieux, installés là depuis cinq générations, marient savamment leurs deux activités.

Une autre éminence de l’Alentejo nous attend à Beja. Perchée à 277 mètres, la ville y a pris ses aises dès l’Antiquité. Les Lusitaniens y ont salué les Romains avant d’accueillir, plus ou moins chaleureusement, les Wisigoths. Puis ce sera au tour des Omeyyades de poser là leurs valises avant que le roi du Portugal récupère le tout en 1234. Les Espagnols et les Français la visiteront aussi brièvement que maladroitement. La ville garde évidemment de nombreuses traces de cette histoire mouvementée. Un château s’y dresse fièrement, en plein coeur du centre historique.

En s’éloignant encore un peu plus de la mer pour s’enfoncer dans les terres, on se laissera guider malgré tout vers l’eau. Derrière le barrage d’Alqueva, elle s’étend à perte de vue. Le plus grand lac artificiel d’Europe invite au cabotage. Tout près, on peut même visiter un village récemment submergé. Une plongée dans l’avant-barrage.

Bien avant d’ailleurs que l’on invente le concept du barrage, les ancêtres des Portugais préféraient les monuments de pierre. Le cromlech des Almendres, un complexe mégalithique situé près d’Evora, l’atteste. Les monolithes s’y dressent fièrement, inaltérables, insensibles à la course du temps.

Autre merveille à découvrir absolument, la petite ville médiévale de Monsaraz, proche de la frontière espagnole. Cette jolie promenade portugaise se conclut avec Evora, surnommée à juste titre “la ville-musée”. Classée au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1986, son centre ville offre une vision de la palette architecturale portugaise. Palais médiévaux et belles demeures de la Renaissance lui donnent un charme unique.