Eu et la Vallée de la Bresle

Aux confins de la Normandie, la vallée de la Bresle se déploie entre la légendaire forêt d’Eu et le plateau du Vimeu pour déboucher dans la grande bleue en perçant la Côte d’Albâtre au niveau du Tréport.

La Bresle, petit fleuve côtier passe par Eu avant de se jeter dans la Manche. Petite par sa taille, la Bresle n’en est pas moins grande par le symbole. Le cours d’eau qui joue les gardes-frontières, entre la Seine-Maritime normande et la Somme picarde a fait de cette vallée le premier pôle verrier de flaconnage au monde. Eu, citée historique, se dresse là, adossée à une forêt de près de 10 000 hectares constituée principalement de hêtres. Ses proportions avantageuses se partagent entre massifs forestiers, riches pâturages entrecoupés de zones cultivées et de petits villages.

Avant même de sortir du bois, on entre dans l’histoire. On fouille ici et là, et surtout au Bois-l’Abbé, pour redécouvrir la vie à l’époque gallo-romaine. Les vestiges mis à nu à la fin du 18^ème siècle lors du percement d’une route s’offrent désormais à tous les regards. Dans la ville d’aujourd’hui, hier est encore largement présent. Eu possède en effet le plus important bâti de Normandie après Rouen, à commencer par son imposant château. En 1050, il verra passer Guillaume le Conquérant pour son union avec Mathilde de Flandres avant d’être détruit. L’actuel édifice est commencé en 1578 par Henri de Lorraine, duc de Guise – que ses assassins trouvaient plus grand mort que vivant – et son épouse, Catherine de Clèves. Acheté en 1660 par La Grande Mademoiselle, cousine de Louis XIV qui y fera aménager un jardin à la française, il finit « comme résidence d’été » dans l’héritage du roi Louis-Philippe en 1821. Ce dernier y recevra en 1843 la reine Victoria pour y sceller la première Entente Cordiale.

Devenu musée, classé Monument Historique, le palais trône au milieu de la cité. Dans les rues alentours ou sur les hauteurs de la ville, d’autres monuments, plus ou moins importants, donnent à la ville ce cachet authentique. L’histoire s’invite ici un peu partout. L’Hôtel-Dieu, la chapelle du collège des Jésuites, l’Hôpital Saint-Anne, la collégiale Notre-Dame et sa crypte où l’on trouve le gisant de Laurent O’Toole, archevêque de Dublin et aïeul de Peter qui quelques siècles plus tard deviendra à l’écran le fameux Lawrence d’Arabie.

La nostalgie ambiante se poursuit au Tréport où la Belle-Epoque partage l’affiche avec la bonne pêche. Grâce aux chemins de fer et au développement des « trains de plaisir », la petite citée devient vite « la plus jolie plage d’Europe ». Le Tréport n’a jamais perdu la mer de vue. Station balnéaire et port maritime, on vient s’y baigner tandis que d’autres y pêchent. Tous se retrouvent sur le front de mer en fin de journée pour déguster les prises du jour.

Les plus aventureux se tourneront alors peut-être vers les falaises où un funiculaire inauguré par le Comte et la Comtesse d’Eu en 1908 les attend au pied des géants de craie. A la force du câble, il traverse la falaise pour déposer 100 mètres plus haut les passagers à son sommet. Depuis ces terrasses naturelles, le panorama est saisissant et la beauté du site inspirera Victor Hugo pour une de ses lettres des contemplations. C’est dire !

Jean-Paul Calvet

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Pratique :

Informations générales :

- Normandie Tourisme - www.normandie-tourisme.fr/decouvrir/les-incontournables/les-autres-incontournables/eu-le-treport-320-1.html

- Eu - www.ville-eu.fr/tourisme.php