Corte, la cité capitale de Corse
Perchée sur son promontoire rocheux, Corte s’élève fièrement au-dessus du parc naturel régional de Corse. Riche d’une histoire mouvementée, la cité Paoline, éphémère capitale de l’Île de Beauté, déploie ses charmes en toute authenticité.
Capitale de cœur des Corses, Corte se dresse fièrement depuis l’Antiquité à la frontière de l’En-Deçà-des-Monts et de l’En-Delà-des-Monts. Blottie sur une éminence rocheuse au pied du massif du Monte Rotondo, la cité se situe à la croisée des chemins du Tavignano et de la Restonica. Au centre de l’Île de Beauté, Corte se veut des plus accortes. Très tôt convoitée par les peuples méditerranéens, la ville accueille, plus ou moins chaleureusement, les Carthaginois, les Romains, les Maures, les Génois et les Français. Toujours mouvementée, son histoire a été marquée par des épisodes remarquables. Corte reste ainsi la seule capitale de la nation corse. L’épisode fut bref mais il demeure encore dans les mémoires de tous les insulaires.
Tout commence au XVIIIème siècle alors que la résistance contre les occupants génois s’organise peu à peu. Une première figure nationaliste fait son apparition. Né à Corte en 1704, Gian Pietro Gaffory prend la tête de la révolte corse au milieu du siècle. Nommé protecteur de la nation corse en 1745, il parvient à se rendre maître de la ville puis d’une vaste partie de l’île. Il ne profitera pas longtemps de son succès puisqu’il tombe sous les balles d’un complot fomenté selon certains par la République de Gênes en 1753. Son propre frère figure sur la liste des assassins… Quelques années plus tard, un nouvel héros se dresse face aux envahisseurs. Revenu d’un exil en Italie, Pascal Paoli accède en 1755 au grade de général en chef de la nation corse. Il doit alors mener l’île vers l’indépendance. La République de Corse naît alors, forte d’une constitution inspirée de l’Esprit des Lumières qui donne notamment le droit de vote aux femmes. Corte devient capitale et accueille une université afin de former la nouvelle élite corse.
Affaiblie, la République de Gênes ne peut plus lutter contre cette nation corse si rebelle. La France profite de l’occasion pour signer un traité avec elle. En 1768, Gênes donne la Corse en garantie d’un prêt de deux millions de livres accordé par le royaume des Bourbons. Les Corses, et Paoli plus que tout autre, n’apprécie pas ce marché. “Jamais peuple n’a essuyé un outrage plus sanglant. On ne sait pas trop qui l’on doit détester le plus de celui qui nous vend ou de celui qui nous achète. Confondons-les dans notre haine puisqu’ils nous traitent avec un égal mépris”. La haine n’y suffira pas. L’indépendance corse aura vécu. Devenue française, l’île n’en garde pas moins cet épisode dans sa mémoire. En se promenant à Corte, le nom de Pascal Paoli résonne partout. La rue principale de la cité Paoline porte son nom. Colonisé par des terrasses animées, le cours Paoli remonte jusqu’à la place homonyme où trône la statue de bronze du Père de la Patrie, U Babbu di a Patria.
De là, il suffit d’emprunter la rue Monseigneur Sauveur Casanova, surnommée la glissante en raison de ses rampes pavées à l’ancienne, pour atteindre la ville haute quadrillée d’escaliers et de venelles. On les arpente à la découverte de quartiers bâtis pour l’essentiel entre le XVIème et le XVIIIème siècle. Entre ses bâtisses séculaires, la façade baroque de l’Église de l’Annonciation apparaît dans toute sa splendeur. On y découvre, notamment, le gisant de Blaise de Signori ou Saint Théophile. Canonisé en 1931, ce Franciscain mort au XVIIIème siècle aurait eu des dons de guérison mais aussi celui de prédire la mort de ses ouailles. L’église conserve depuis ses index, une sandale et un morceau de sa bure. Une autre relique attire les pèlerins depuis quelques années. L’église abrite en effet une capsule de sang de Saint Jean-Paul II.
En poursuivant l’ascension, on domine bientôt toute la cité depuis sa citadelle. Surnommée le Nid d’Aigle, celle-ci entoure un château du XVème siècle tout en offrant une vue panoramique exceptionnelle sur les vallées de la Restonica et du Tavignano. Cette aire historique permet également de faire un large tour d’horizon des cultures locales grâce au musée de la Corse ainsi qu’au fonds régional d’art contemporain de Corse.
On ne peut quitter Corte sans une pensée pour les Bonaparte. Adhérente à la Fédération européenne des cités napoléoniennes, la cité figure parmi les étapes de l’itinéraire Destination Napoléon. Paoline, Corte n’en reste pas moins attachée à l’histoire de la famille de l’Empereur. Son père, Charles, étudie le droit à l’Université créée par Paoli. Joseph, son frère aîné, naît dans la maison Arrighi de la place du Poilu tout comme Jean-Thomas Arrighi de Casanova, son cousin et duc de Padoue, qui le suivra sur tous les champs de bataille. Et si le petit Caporal voit le jour à Ajaccio, c’est à Corte qu’il fut conçu !
Antoine Norman
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- Informations générales :
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- U Museu
- Le 24
- Chez Jacqueline à Pont de Castirla / Ponte Leccia
- A voir :
- Le Musée de la Corse Jean-Charles Colonna (citadelle & belvédère)
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- Guides Corse :
- Corse – guide du Routard / Ed. Hachette
- Corse – Géoguide / Ed. Gallimard
- Corse – Le guide food & travel / Ed. Michelin
- Corse guide Evasion / Ed. Hachette
- Haute Corse – Encyclopédies du Voyage / Ed. Gallimard
- Corse – guide Petit Futé
- Un grand week-end en Corse / Ed. Hachette
- Corse – guide Lonely Planet
- Corse des villages – Géoguide / Ed. Gallimard
- Corse – guide Bleu / Ed. Hachette
- Corse – Insolite & secrète / Ed. Jonglez
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Conception reportage – pratique – photos Jean-Paul Calvet
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