Cordoue, la belle andalouse

Inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco, Cordoue a conservé nombre des splendeurs des civilisations qui y ont prospérées. Un héritage culturel et monumental que la ville partage sans retenue. Arts et Vie, spécialiste des voyages culturels, nous y emmène.

Cordoue est un tout. Convoitée dès l’Antiquité, la ville a séduit les Romains qui en ont fait la capitale de la province. Les Vandales et les Wisigoths ont suivi, remplacés pendant quelques années par les Byzantins. En 711, Cordoue se soumet aux Omeyyade qui lui donne une place à part dans leur royaume d’al-Andalous. Cinq cents ans plus tard, Ferdinand III de Castille reprend les clés de la cité. Ce riche passé se retrouve partout en ville. Des vestiges de ces glorieuses heures se dévoilent un peu partout. Pour ne rien en rater, il faut se rendre dans le centre historique où les murs témoignent de la splendeur passé de Cordoue.

Une fois passée la porte d’Almodovar où dominent encore murailles et remparts, on pénètre dans la Juderia, l’ancien quartier juif de la ville. Des ruelles aux balcons fleuries quadrillent le périmètre. L’une d’elles, la calleja de las Flores, guide les pas du promeneur jusqu’à la mosquée-cathédrale, un des plus beaux trésors de la ville. Edifiée à l’emplacement d’un temple romain dédié à Janus et sur les ruines d’une église, la Mezquita témoigne de la richesse de l’art islamique en Espagne. Célèbre pour son immense colonnade, tronquée en partie par les Chrétiens lorsqu’ils érigèrent une cathédrale en son sein au XIIIème siècle, la Mezquita peut se visiter désormais de nuit. Lumières et ambiances sonores accompagnent une narration sur sa valeur artistique, son histoire et sa signification culturelle et religieuse.

Non loin de là, l’Alcazar de los Reyes Cristianos trône sur les bords du Guadalquivir. Si la résidence royale a perdu beaucoup de ses tours, il en reste suffisamment pour atteindre les remparts d’où l’on peut admirer un joli panorama sur la ville. Au pied des tours, les jardins du palais captent eux aussi tous les regards. De belles allées boisées aux senteurs d’orangers mènent jusqu’aux fontaines et bassins qui rafraîchissent les lieux. A l’intérieur, d’autres trésors attendent encore les visiteurs. De retour dans le quartier juif, il ne faut pas rater la synagogue de Cordoue, la seule existant en Andalousie, qui, bien que de petite taille, réserve son lot de surprise. Il faut ensuite reprendre la route du fleuve pour découvrir les vestiges romains. Ces derniers ont construit un pont au Ier siècle av JC dont l’entrée aura été gardée par des portes romaines, puis maures et enfin, depuis le XVIème siècle, une arche de style Renaissance. Sur l’autre rive, la tour de la Calahorra, d’inspiration musulmane, veille sur la ville.

Bien d’autres lieux méritent encore le détour comme le palais de Viana, les nombreux musées de la ville, quelques places d’exception telles celle de Las Tendillas avec son parterre de jets d’eau et sa fontaine. Il ne faut pas manquer non plus de découvrir les patios qui se cachent partout en ville. Depuis l’époque romaine, les habitants ont adapté leur maison au climat local en plaçant en son centre un patio généralement muni d’une fontaine ou d’un puits. Les Musulmans ont rendu ces patios encore plus attrayant en les végétalisant. Enfin, tout séjour à Cordoue invite à l’escapade gastronomique. La cuisine cordouane mêle elle aussi toutes les cultures. Des produits d’exception égaient les tables des restaurants qui proposent les plats typiques dont le salmorejo, une crème froide épaisse de tomates, les pestinos ou bien encore l’auberge frite avec du miel. Au carrefour des civilisations, Cordoue offre un condensé andalou de l’histoire espagnole. Toutes les cultures se croisent dans cette ville partagée entre Orient et Occident.

Sébastien Dieulle