« C’est le Pérou ! »
Avec un accès plus rapide et un plus grand nombre d’ hôtels de luxe, le pays des fils du soleil, nouvelle destination en vogue, facilite la découverte de Machu Picchu dans des conditions de rêve.
Indiana Jones est probablement le fils naturel d’Hiram Bingham. Cet historien, explorateur et archéologue qui repart pour la troisième fois, en 1911, pour le Pérou organise cette fois une expédition dont le but est de découvrir Vilcacamba, dernier refuge du roi Manco Inca.
Après avoir bivouaqué à Mondor Pampa, l’unique habitant du lieu lui propose de lui montrer d’ »excellentes » ruines. Perchées sur un promontoire rocheux à 2400 mètres d’altitude, elles surplombent de façon vertigineuse la rivière Urubamba. Commence alors pour Hiram et son guide l’ascension épuisante d’une roche escarpée et glissante, au dessus des rapides glacés, dans une chaleur accablante et une atmosphère saturée d’humidité au milieu d’une végétation très denses où pullulent les vipères jaunes « fer de lance ».
Nous sommes au matin du 24 juillet quand, le sommet enfin atteint, un spectacle tout à fait inattendu s’offre alors aux yeux d’Hiram Bingham. Une cité dans un parfait état de conservation se tient au pied d’un rocher en pain de sucre, le mont Huayna Picchu, « jeune montagne » en quechua par opposition à Machu Picchu, « vieille montagne ».
Stupéfiante construction témoignant du génie architectural inca, érigée à l’époque de Pachacutec entre 1475 et 1500, la cité de Machu Picchu n’est que murailles, escaliers, rampes, plate-formes et terrasses gagnées sur la montagne, dans un cadre d’une beauté à couper le souffle, planté au milieu d’une forêt tropicale.
Avec – comme dans toute cité inca – ses aménagements agricoles, ses édifices religieux et ses logements, la ville redécouverte était probablement une forteresse, constituant l’extrémité d’une chaîne jalonnant le cours de l’Urubamba depuis Ollantaytambo et destinée à protéger des incursions des tribus de la forêt.
De nos jours, on peut associer le tourisme culturel de ce lieu emblématique du Pérou au tourisme de luxe ou au tourisme sportif. Délaissons la route et prenons le chemin de l’Inca pour retrouver les sensations qu’a dû éprouver Hiram. Longue de 39 km, ponctuée d’escaliers, de tunnels et de ponts en bois au-dessus de rivières, cette route de trekking de quatre jours (ou deux en version courte) traverse des vallées encaissées dans des forêts humides alternant avec des cols d’altitude et est la plus réputée du continent sud-américain.
Physiquement difficile et véritable défi, cette marche offre une juste récompense aux yeux émerveillés des randonneurs : des paysages spectaculaires, une faune riche et variée et des ruines impressionnantes.
Dans la version de luxe, tel que le propose Evaneos, le voyageur choisira d’emprunter le train Hiram Bingham. Plongeon dans le passé façon Orient Express, ce palace sur rail de quatre-vingt-quatre places vous emmènera de Cuzco à Machu Picchu, en profitant de panoramas grandioses dans le décor royal de l’une des deux voitures restaurants et du bar avec musiciens où on peut siroter un – ou plusieurs – merveilleux Piscos Sours, boisson nationale qui a même sa journée annuelle depuis 2002.
Le corps et l’esprit vagabondent : pourquoi la ville a-t-elle été abandonnée et oubliée pendant quatre siècles, ignorée des Incas eux-mêmes, toute trace ayant été gommée de leur mémoire ?
Le mystère de la cité perdue reste entier et c’est aussi cela la magie de Machu Picchu.
Philippe Forestier