Capri la bucolique, chantée par les poètes.

Loin de l’effervescence brouillonne de Naples, Capri a su préserver intacte sa nature sauvage dont la flore est l’un des plus beaux ornements. Grâce à Donatello, l’île offre le plaisir toujours renouvelé de longues promenades en solitaire hors des sentiers battus.

Face à la baie de Naples

Dressée à l’entrée de son golfe, Capri, gros caillou de dix kilomètres carrés détaché de la péninsule sorrentine, regarde Naples. Depuis le 19 ème siècle, l’île n’a cessé d’attirer les visiteurs étrangers séduits par sa beauté. Saisissant mariage de roches calcaires et d’une foisonnante végétation méditerranéenne, suspendues entre l’azur du ciel et de la mer. Terminus pour le flot de touristes qui débarquent quotidiennement en haute saison, par bateaux entiers dans l’île : le village de Marina Grande et sa délicieuse place Umberto I, surnommée la Piazetta. C’est le cœur de l’ancien bourg médiéval et salon de l’île, cerné par les terrasses de bistros massés autour de sa baroque église Santo Stefano et de la voisine via Camarelle. Boutiques et hôtels de luxe s’y concentrent. Sorti de ce forum où s’agglutine une foule bruyante, commence l’autre Capri, sillonnée de sentiers pédestres qui conduisent dans le cœur secret de l’île. En premier lieu, vers la romantique chartreuse San Giacomo (16ème siècle) qui s’ordonne autour de son immense cloître délabré. Et au-delà, après une bonne marche à travers un agreste paysage de vergers d’orangers et citronniers se mêlant à l’odorant fouillis de la garrigue, on atteint les imposantes ruines de la villa Jovis, accrochées à un vaste promontoire. Seule survivante des douze villas que l’empereur Tibère fit construire dans cette île où il se retira en l’an 27 av.JC.

Charme de la côte ou panorama d’en haut ? 

L’île possède deux villages rivaux. Marina grande et Anacapri, la montagnarde, distantes de quatre kilomètres. Pour les relier, il n’existait autrefois qu’un seul vertigineux escalier de 500 marches taillées dans la roche par les Phéniciens. De nos jours, on y accède par une étroite route en lacets qui s’élève en frôlant les précipices. Anacapri est aussi paisible et échappée du monde que Marina Grande est touristique et effervescente. L’écrivain Curzio Malaparte ne s’y trompa pas en y construisant en 1938, à l’extrémité d’un cap inaccessible, sa villa, long vaisseau cubiste ocre rouge. C’est là aussi que plus tôt encore, en 1876, le médecin et auteur suédois Axel Munthe bâtit la villa San Michele et son jardin en mirador, juchés sur une hauteur d’où l’on aperçoit, à l’autre extrémité du golfe la lointaine île d’Ischia. Au centre du village, l’église baroque de San Michele recèle un trésor : un extraordinaire pavement de nef en majolique, exécuté à Naples en 1761, représentant Adam et Eve chassés du paradis. Hors saison, Capri est un rêve toujours recommencé.

Marie-Noëlle Hervé

 

 

À voir

Les Faraglioni : face au cap de Punta Tragara, ces quatre imposants chicots nus de calcaire sortant de la mer, sont l’une des figures emblématiques de Capri que l’on les aperçoit le mieux depuis le promontoire du parc en terrasses des jardins d’Auguste.

La Grotta Azura : cette grotte redécouverte en 1826, était déjà connue à l’époque romaine qui en avait fait le nymphée marin de la villa Gradola située juste au-dessus. Fissure dans la roche  de 2 m de large et 1 m de haut : on y pénètre en barque mais en se courbant. La teinte bleutée de l’eau est due à un phénomène de réfraction de la lumière.

La Villa San Michele d’Axel Munthe est un curieux patchwork d’architecture et de styles, avec loggias et pergolas, meublée de meubles hétéroclites du XVIIIe siècle et de pièces antiques d’époque grecque et romaine. Au bout de son allée, l’ancienne porte d’accès à Anacapri et les dernières marches de la Scala Fenicia, l‘escalier Phénicien.