Echappée belle au-dessus de la Mayenne
A moins de deux heures de Paris, la Mayenne déploie un patrimoine exceptionnel. Vestiges romains et cités de vieilles pierres rythment les paysages naturels, percés de rivières et de lac, du département. De Sainte-Suzanne à Laval, cette escapade mayennaise réserve de belles surprises.
Après avoir gagné Le Mans – la ville, pas la compétition – la voiture quitte l’autoroute pour emprunter une départementale. Elle la rend quelques kilomètres plus loin quand elle pénètre Sainte-Suzanne. La Bretagne est encore loin, certes, mais les Celtes sont bien là. En plein Néolithique, ils ont dressé ici le Dolmen des Erves qui reste depuis le plus connu et le plus ancien des monuments mégalithiques de Mayenne.
Sainte-Suzanne, qui a donné son nom au village, n’aura pourtant jamais eu l’occasion de le voir. Elle perd la tête bien avant de pouvoir visiter la Mayenne. Belle vierge éduquée du IIIème siècle de notre ère, Suzanne intéresse l’empereur Dioclétien qui décide de l’offrir en mariage à Maximien. Ce soldat aux mœurs grossières et réputé inculte deviendra plus tard empereur lui-même. Mais Suzanne ignore ce futur. Chrétienne, elle jure ses grands dieux qu’elle n’en aura qu’un seul et que bien marri sera celui qui voudra devenir le sien. Les deux officiers romains chargés de la ramener autant à la raison qu’à la maison se laissent convaincre et rendent les âmes. Ils la libèrent. L’Empereur fait la tête et prend la leur. Suzanne se transforme alors en martyre et, non sans humour, patronne des couples fiancés.
On reste à Rome en passant à Jublains où cité et forteresse antiques se laissent encore deviner aujourd’hui. Au dernier changement d’ère, l’Empire fait sienne la Mayenne. Jublains, alias Noviodunum, en devient la capitale. La “ville nouvelle” croît. On y élève un temple, un théâtre, des thermes, un forum… Puis, pour protéger le tout des envieux, on construit deux cents ans plus tard une forteresse impressionnante.Autour d’une grande halle servant d’entrepôt, deux murs successifs attendent les éventuels envahisseurs. Le premier qu’ils rencontrent est en pierre et se veut massif. Inachevé, il se voit secondé par un rempart de terre, entouré d’un fossé et surmonté à l’époque d’une palissade en bois.
Les vestiges de Jublains permettent sans grand effort de mesurer la grandeur passé de Noviodunum. Un parcours archéologique se fraie un passage au milieu d’eux. A chacune de ses douze étapes marquées de disques de bronze insérés dans le sol, des bornes d’informations racontent les monuments et guident les visiteurs jusque sur les terrains archéologiques réservés aux fouilles.On suit encore la voie romaine afin de franchir la Mayenne et de plonger dans Mayenne. Le temps alors s’accélère. Mayenne compile les siècles dans un bel ordonnancement. Construite autour d’un palais mérovingien devenu château, la ville a conservé en son centre un caractère médiéval. Sorti de ces ruelles séculaires, le visiteur découvre une ville plus moderne à travers ses hôtels particuliers et la Barre Ducale du XVIIème siècle. La place du 9 juin 1944 et le boulevard Général Leclerc témoignent d’une période encore plus récente où la cité a dû se frayer un avenir au milieu des bombes.
On quitte la ville par la rivière en empruntant la Vélo Francette, la véloroute qui relie la Normandie à l’Atlantique. Entre Mayenne et Laval, le chemin de halage serpente sur une trentaine de kilomètres. Maisons éclusières et belles demeures bourgeoises décorent le parcours magnifié par la nature environnante. On stoppe les machines à Louverné pour s’offrir une pause bien méritée. Echologia nous tend les bras. Ce complexe est né de la réhabilitation d’un ancien site chaufournier, le plus important de France au XIXème siècle. “Sur près de 100 hectares, l’homme a pendant 150 ans façonné le paysage à grands coups d’explosifs et d’huile de coude afin d’extraire dans les carrières ce fameux calcaire qui allait être cuit dans ces fours gigantesques aux allures de châteaux forts pour être transformé en chaux”, explique Guillaume Beucher, le fondateur d’Echologia, à nos confrères de Green Innovation.
La réhabilitation se veut aussi pédagogique que touristique. Les activités y sont variées mais on peut aussi simplement s’y arrêter pour profiter d’un de ses logements surprenants. “Ce sont des logis insolites, éco-conçus et uniques, placés dans des endroits improbables”, promet Guillaume Beucher. Et si vous êtes moins terre-à-terre qu’étoiles, il faut remonter sur le vélo et se rendre au cœur du centre historique de Laval dans l’Hôtel Perier du Bignon. Installé dans une bâtisse du XVIIIème siècle, l’établissement en a gardé tout le raffinement de son jardin à la Française jusqu’à la table de son restaurant gastronomique, l’Épicurien. Tout autour de l’hôtel, le centre-ville de Laval, coupé en deux par la Mayenne, déploie ses charmes d’antan. Les vénérables propriétés défient le temps. Derrière elles, le château se joue lui aussi des ans. On le rejoint en passant par le jardin de la Perrine qui offre un joli panorama sur la ville et la rivière.
En le parcourant, on débouche bientôt sur la tombe du Douanier Rousseau, né à Laval et dont les cendres y furent ramenées en 1947. Sa sépulture jouxte les 4,5 hectares du parc botanique. Le château n’est plus qu’à un pas. Erigé sur un éperon rocheux dominant la Mayenne dès le XIème siècle, le fort se pare d’un donjon vers 1220 qui conserve des hourds considérés comme les plus anciens de France. Modifié au cours des siècles, le château se fait une beauté à la Renaissance avant de se transformer en prison pendant la Révolution. Aujourd’hui, l’ancienne demeure des comtes de Laval se consacre à l’art naïf et aux arts singuliers afin de rendre hommage à l’héritage pictural légué par le Douanier Rousseau. Après avoir écumé les rues et ruelles de Laval, on largue les amarres pour une croisière fluviale avec Anjou Navigation. On peut louer des bateaux sans permis afin de remonter le fil tranquille de la Mayenne. D’écluse en écluse, on découvre d’un tout autre point de vue la campagne alentours. L’âme mayennaise prend au cœur.
Sébastien Dieulle
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- Informations générale & réservations : www.mayenne-tourisme.com
Circuits & randonnées en mode « slowlife »
- Forêts et vallées, lacs et rivières, monts et collines… 3 000 km d’itinéraires et de découvertes pour découvrir les douces Vallées de la Mayenne. Randonner à pied, à vélo, VTT ou à cheval, c’est aller à la rencontre de paysages inattendus et d’un patrimoine insoupçonné. Sans compter les anciens chemins de halage transformés en chemins de randonnées ou en vélo sur un parcours de plus de 85 km. Le long de ces parcours les randonneurs et amateurs de vélo découvriront la vie des éclusiers en effectuant des haltes dans les maisons éclusières, pour boire un verre ou se restaurer de produits du terroir. La Mayenne c’est aussi des randonnées équestres, la pêche, la pêche sportive, la pêche à la carpe, l’escalade, la location de bateaux sans permis sur la rivière Mayenne, la canoë kayak, les bateaux à pédales …
- Un patrimoine impressionnant
- Le département de la Mayenne est l’un des départements français qui dispose du plus grand nombre de châteaux, demeures de caractère et manoirs habités riche de plus de 600 châteaux et manoirs.
- Les incontournables
- La vallée des Grottes de Saulges, la Cité du Lait, le Château Musée de Mayenne, La Cité romaine de Jublains, Le Refuge de l’Arche, le Château de Laval et le Musée d’Art Naïf et des Arts Singuliers, Pontmain ; La Cité Mariale, Château Gonthier, un des « plus beaux détours de France », Sainte-Suzanne, un « des plus beaux villages de France », le Château de Lassay …
- Les marchés locaux de petits producteurs qui cultivent en agriculture raisonnée ou bio : Il n’y pas un seul hameau, village, ville qui ne dispose de son marché de producteurs. C’est le moment ou jamais pour tester les produits labellisés comme le bœuf fermier du Maine, le cidre, la multitude de fromages, les fruits, le sureau. C’est aussi tester les bienfaits de la spiruline, le kéfir de fruits, les sablés, la tourte mayennaise …
- Les règles d’or sanitaires
- Les professionnels du tourisme mayennais ont mis en place des plans de protection sanitaire qui tiennent compte de fortes restrictions, permettant d’offrir les conditions de visite les plus sûres et les plus agréables possibles en adaptant leur offre. Visites sur réservation, nettoyage des mains obligatoire à l’entrée des sites, port du masque obligatoire, respect les 1,50m de distance avec les autres visiteurs, privilégier le paiement par carte bancaire, respecter le sens de circulation, ne pas toucher d’objets de collection, respecter les consignes des médiatrices …
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- Guides :
- Pays de Loire / guide du Routard – Ed. Hachette
- Pays de Loire / Géoguide – Ed. Gallimard
- Pays de Loire / guide Vert Michelin
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- Conception reportage – pratique / Jean – Paul Calvet – photos JPC – Mayenne Tourisme
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