Patagonie sur la Carretera Austral

Bynativ, la communauté d’agences de voyage locales, prend la route. Et pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit de la Carretera Austral, une fine et sublime voie qui traverse la Patagonie sur toute sa longueur.

Si la nationale 7 française s’affiche comme la “route des vacances”, la route N°7 chilienne promet une véritable expédition. La Carretera Austral, parfois surnommée le Sentier de Pinochet, relie depuis 1986 la ville de Puerto Montt à Villa O’Higgins. Sur un bon millier de kilomètres, elle traverse la Patagonie chilienne. Sa longueur et sa destination ne sont pas les seules originalités de cette voie qui surprend aussi par sa finesse, ou de son étroitesse, tout dépend de sa conduite. Sa largeur ne dépasse pas les 4,5 mètres contre 7 sur les routes françaises standards !

Avant d’arpenter cette voie royale au pays des Incas, le voyage commence à Santiago, la capitale. La ville s’épanouit dans une vallée au pied de l’Aconcagua, le sommet andin qui marque la frontière avec l’Argentine. La Cordillère des Andes comme toile de fond, Santiago offre de belles possibilités de flânerie dans ses rues piétonnes à la découverte de la Moneda, le Palais du Gouvernement, ou de sa cathédrale. Les moins essoufflés s’attaqueront à l’ascension de la colline San Cristobal où un zoo cohabite avec la Vierge Marie tandis que les plus assoiffés iront hisser haut leur verre à Santiago, dans le quartier bohème.

Depuis Santiago, il faut emprunter un avion (et le rendre ensuite) jusqu’à Puerto Montt, départ officiel du road trip sur cette route à l’essence de Chili incarné. Avant de mettre le cap au sud, un petit détour par Puerto Varas s’impose. Elle borde l’immense lac Llanquihue dans lequel miroite le reflet du volcan Osorno. Soixante kilomètres plus loin, toujours sur les rives du lac, la rivière Petrohue termine sa course dans les coulées de lave issues du volcan en se jetant en chutes grondantes dans d’impressionnants canyons.

Lancé cette fois sur la fameuse Carretera Austral, le périple se poursuit à travers terre et mer. Des ferries permettent de joindre les différents tronçons de la route n°7 qui suit une côte très découpée. Après une première traversée, la route reprend en sinuant à travers des terres verdoyantes à perte de vue. Unique voie d’accès, parfois goudronnée, parfois en terre, la Carretera trace son chemin vers les montagnes du parc d’Hornopiren. Deux volcans, Hornopiren et Yates, trônent dans ce parc où l’on peut vite se croire seul au monde. Cette impression de tranquillité se retrouve sur l’île de Llanquihue, à quelques encablures seulement du parc. On y vient admirer de verts vallons préservés de tout mais aussi profiter des bains thermaux qui la rendent si chaleureuse.

Avant d’atteindre un autre parc, celui de Pumalin, la route alterne encore entre conduite et navigation. Il faut traverser le golfe d’Ancud, arpenter la presqu’île boisée de Leptepu puis reprendre la mer. Le parc de Pumalin, créé initialement par un propriétaire privé, se distingue par sa beauté comme son utilité. Il s’agit là d’un conservatoire à ciel ouvert pour une riche biodiversité. Le parc contribue ainsi à la protection des derniers Cyprès de Patagonie, une des plus vieilles espèces d’arbres présentes sur Terre, dont il abrite plus de 25% des spécimens restants. La forêt primaire humide s’y épanouit aussi.

La route se poursuit à travers une nature toujours plus sauvage et impressionnante. L’écume de l’océan à l’Ouest, les sommets enneigés de la Cordillère des Andes à l’Est, la Carretera Austral plonge toujours plus au sud. Parcs et lacs se succèdent jusqu’au petit village de Puyuhuapi et son étonnant glacier. Le Ventisquera Colgante, glacier suspendu en français, a de quoi donner des frissons. Perché tout en haut d’une falaise de deux cents mètres, il est entouré de puissantes cascades. L’autotour prend fin au Lago General Carrera, le deuxième plus grand lac d’Amérique latine, à cheval entre le Chili et l’Argentine. En croisière sur le lac, on part à la découverte des îles qui le parsèment sans jamais perdre du regard les sommets andins qui veillent sur les voyageurs tout du long de la Carretera Austral.

Antoine Norman